HeLo Coaching

La peur de l’épreuve

Plus que quelques jours avant le marathon. Le contexte politique actuel difficile (et la mobilisation justifiée !) me fait craindre une annulation, mais je viens de recevoir le mail des organisateurs disant que ma convocation m’attendait, alors j’ai bon espoir que cette épreuve d’endurance un peu folle ait bien lieu.
Si près du but, j’ai peur. 

D’abord, j’ai peur des moments qui vont amener à l’évènement. Est-ce qu’il ne va pas arriver quelque chose qui va tout remettre en question ? Est-ce que je ne vais pas me fouler la cheville dans les escaliers du métro pour y aller ? Est-ce qu’une situation hors de mon contrôle ne va pas tout compromettre ? Penser à l’avant me met bizarrement dans une sorte d’état d’angoisse inattendu. Comme s’il y avait trop de choses à faire avant l’évènement. Je sais que c’est faux, et que ce n’est que mon cerveau qui me joue des tours, mais cette émotion persiste.
Ensuite, il y a le fait que je n’ai jamais couru plus de quatre heures d’affilée et que rien que de l’écrire, j’ai l’impression que je ne vais pas pouvoir, que mon corps ne me portera pas et que je vais lui faire du mal. Je n’ai aucune preuve que j’en suis capable.
À quelques jours de mon objectif final, je me sens fatiguée et je n’ai plus vraiment envie.
En plus de la course à pied, je marche quotidiennement, au moins une heure. Ces deux derniers jours, ces promenades m’ont paru pénibles. Et à plusieurs reprises bien sûr, je me suis dit que si même marcher une heure me semblait fatiguant, qu’allait-il en être de courir 4 heures (et encore, 4 heures, je m’emballe, ce sera plutôt 4h30) ? 
Je m’attendais à être galvanisée par l’approche de cet évènement. Je me sens lasse. Est-ce la fatigue physique de ces douze dernières semaines de préparation ? Est-ce juste l’appréhension ? Est-ce le sentiment que quelque chose de très prenant et de très excitant est sur le point de s’achever ?
Je pense déjà à l’après. Au fait que je vais reposer mon corps et en prendre soin. M’offrir un massage, faire du yoga chaque jour pour me réveiller en douceur, faire de belles balades, dormir plus, profiter des matins de week-end sans devoir consacrer deux ou trois heures à la course à pied, m’occuper de mes pieds douloureux.
Je me demande combien de temps il me faudra pour ressentir à nouveau cette envie d’y retourner. De chausser mes baskets et de repousser mes limites. Parce que c’est vrai, ce qu’on dit : c’est addictif. L’état dans lequel on se trouve après une longue séance, cet état où l’on plane un peu, où l’on se sent zen et en paix, cet état presque méditatif, c’est une sorte de drogue, oui. Je m’imagine arrêter de courir pendant au moins un mois, mais peut-être que je ne tiendrai pas autant. 
Le sport fait partie de ma vie maintenant. Il en a toujours fait partie mais ces derniers temps de façon beaucoup plus consciente et essentielle.
L’année dernière, j’ai traversé beaucoup d’épreuves dans ma vie personnelle et la course à pied m’a aidée à rester calme et à garder le cap. Je me rends compte à quel point je m’en suis servi comme d’une béquille, comme j’en ai eu besoin à chaque fois que je broyais du noir ou que je commençais à avoir des pensées toxiques !
Ces objectifs ambitieux du semi-marathon puis du marathon m’ont aidée à focaliser mon cerveau et mon corps sur quelque chose de concret. Ils m’ont permis de constater aussi que j’étais capable de me discipliner et de rester « engagée », de tenir un planning, de trouver le temps, quoiqu’il arrive.
J’ai beaucoup appris sur moi-même, grâce à cet entraînement intensif. Et quelque chose me dit que je vais en apprendre encore beaucoup ce dimanche. Pourvu qu’il fasse beau !