HeLo Coaching

Le jour J (partie 2)

Le départ du marathon s’organise en plusieurs sas. Avec plus de 50 000 participantes et participants à Paris cette année (dont seulement 27 % de femmes apparemment), un lancement général serait impossible. Les départs sont donc échelonnés par objectif de temps. Les athlètes stars féminines partent en tête, puis quelques minutes après, leurs homologues masculins les suivent, « rejoints » par celles et ceux dont l’ambition avoisine les 3 h, puis les 3 h 30, etc.
Les 4 h 30 et plus devaient se lancer après 10 h 40.

Je me suis réveillée, après avoir péniblement réussi à me rendormir, vers 7 h et j’ai pris, à contre-cœur, un petit-déjeuner assez léger mais riche en glucides (je ne prends pas souvent de petit-déjeuner et si je le fais, ce n’est pas si tôt). D’habitude, je cours à jeun, le matin. Dans ce cas, rester à jeun jusqu’à plus de 15 h en plein effort ne me paraissait pas idéal. De plus, j’avais envie de mettre en route mon système digestif pour pouvoir aller à la selle avant de partir (la vraie vie). J’avais entendu beaucoup d’histoires sur les « accidents » de parcours et je n’avais pas du tout envie de me retrouver dans cette situation.
Le stress aidant, ma stratégie s’est révélée productive.

Sans aucune anicroche, mon coach et moi sommes arrivés sur place vers 10 h. Après une longue file pour aller faire pipi — les besoins naturels sont une source d’occupation inépuisable dans ce genre d’évènements –– nous avons rejoint notre sas tard, ce qui fait que nous avons fait partie du tout dernier groupe à partir, à plus de 11 h.

L’ambiance était bonne et la météo, à part le vent, plutôt clémente ; c’est-à-dire que l’air était frais et le ciel couvert – le contraire nous aurait été fatal en plein milieu de journée.

Nous avions discuté avec plusieurs personnes, dont une mère de famille venue avec sa fille adulte et son conjoint, qui en était à son cinquième marathon et visait les 5 h 30. Je l’ai un peu enviée.

Le départ a été donné et je me suis élancée.

J’ai été tout de suite très soucieuse de ma vitesse. J’avais tellement peur d’aller trop vite et de ne pas pouvoir finir que j’ai couru quasiment tout du long en-dessous de mon allure d’entraînement. J’avais encore en tête l’expérience du semi où j’avais couru plus vite que mon rythme de croisière et avais fini, certes avec un temps plutôt bon pour une première course (2 h 05), mais en hyper-ventilation et presque en souffrance respiratoire sur les derniers mètres ; ce que je ne voulais pas réitérer là.
Et, de fait, je n’ai pas du tout souffert de la même façon.
Je pense que la préparation que j’avais suivie a été fructueuse car, malgré le fait que je n’avais jamais couru plus de 22 km à l’entraînement, j’ai tenu sans problème jusqu’au km 29. Lorsque j’ai passé le km 22, mon coach m’a dit « maintenant tu commences le semi du dimanche » en référence aux week-ends où il m’avait fait faire deux sorties longues deux jours d’affilée, et que j’avais donc, le dimanche, les 21 km de la veille dans les pattes. Cette parole m’avait rassurée. Je l’avais « déjà » fait donc je pouvais le refaire. Je n’arrêtais pas de répéter ensuite « c’est le semi du dimanche » comme un robot, pour me donner du courage.

Après le 25ème km, j’ai commencé à doubler pas mal de coureurs et coureuses qui s’arrêtaient, qui marchaient, qui s’asseyaient même (chose impensable pour moi ; j’aurais eu trop peur de ne jamais me relever).

J’ai suivi toutes les consignes à la lettre. J’avais dans mon camel bag une poche d’eau agrémentée d’électrolytes d’un litre et demi, je croquais des pâtes de fruit environ toutes les 20 minutes, je buvais l’eau offerte par les bénévoles à tous les points de ravitaillement.

Et surtout, je surveillais ma fréquence cardiaque, qui, à mon grand étonnement, semblait constante et relativement basse. Mon cœur semblait beaucoup plus apaisé que moi.

Au km 29 donc, l’affaire a commencé à se corser.