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L’inconfort physique

Comme je l’ai mentionné dans mon précédent article, parmi les conséquences de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de mes séances de course, à la fin de l’été 2022, je me suis retrouvée avec un orteil bleu. Enfin, pas un orteil, un ongle. Et pas un, mais trois. J’avais jusque là régulièrement des ampoules et je faisais avec, à renfort de pansements et de bains de pieds relaxants – je précise que je ne suis pas, d’après les médecins que je vois depuis l’enfance, quelqu’un de très douillet ; la douleur physique ne m’a jamais effrayée et je m’en accommode relativement bien. Mais en septembre 2022, lorsque je suis passée à trois sorties par semaine, la zone autour de mes ongles était constamment enflée et je voyais que mes ongles s’épaississaient. À la vue de mon ongle bleu violacé, j’ai décidé d’aller voir mon médecin traitant. Après avoir déclaré « ah oui quand même ! », celle-ci m’a prescrit un vernis antifongique pour mes ongles et m’a envoyée chez un podologue.

J’ai toujours cru que j’avais des mycoses sous les ongles (ce que venait de me confirmer mon médecin) et que j’avais les pieds assez plats (ce que venait aussi de me confirmer mon médecin) – deux caractéristiques merveilleuses que j’étais persuadée d’avoir hérité de mon père. Or, le podologue m’a expliqué que non. Je n’avais pas les pieds plats, et j’aurais beau mettre de l’antifongique jusqu’à la fin de mes jours sur mes ongles, cela ne changerait rien. L’épaisseur de mes ongles était causée par les micro-chocs de la course, ou de la marche, et n’était qu’une protection générée par mon corps pour se préserver de ces infimes traumatismes à répétition. Étant donné que mes orteils ont tendance à pointer vers le haut, je suis prompte à subir ces chocs. D’autre part, fait que j’ignorais, quand le pied s’échauffe, au cours d’une marche ou d’une course, il gonfle et, donc, occupe plus d’espace. Par conséquent, s’il est serré dans une chaussure trop étroite, les chocs ont d’autant plus d’impact. Or, le podologue m’a aussi appris que mes pieds étaient plutôt larges.
À cette époque, je commençais également à avoir mal au tendon d’Achille gauche. Le podologue m’a expliqué que c’était tout à fait normal car ce dernier était plus court que l’autre. Donc, sursollicité, il finirait par être en état d’inflammation chronique si je ne faisais rien. Solution : talonnettes à glisser dans les chaussures et étirements. Et si je voulais avoir de beaux ongles, je devais arrêter de courir et vivre en tongs. Je suis coquette mais pas à ce point.

Donc, après un examen minutieux de mes chaussures de running, de mes ongles, de ma voute plantaire, de l’amplitude de mes tendons et de l’orientation de mes pieds, le podologue m’en a appris un peu plus sur mon corps. Je suis ressortie beaucoup mieux informée et, en quelque sorte, rassurée. J’ai commandé des talonnettes que je ne quitte plus depuis (et je n’ai plus mal), j’ai également trouvé des protège-orteils en silicone (qui n’empêchent ni les ampoules ni les hématomes sous les ongles mais limitent les dégâts), je fais attention à la largeur de mes chaussures si je marche, je m’étire quotidiennement.

À ce moment-là, j’ai commencé à comprendre que si je voulais réellement me fixer des objectifs ambitieux, il me faudrait acquérir une plus grande connaissance de mon corps et il me faudrait surtout faire des efforts conscients pour prendre soin de lui.

Cela m’a fait réfléchir à l’idée qu’il en était exactement de même pour le cerveau. Quand on se fixe un objectif qui va potentiellement nous mettre en difficulté parce qu’il nous plonge dans l’inconnu et qu’il génère de multiples émotions négatives comme le stress, l’inconfort, l’incertitude, l’instabilité, la peur, etc, on a tendance à négliger de prendre soin de notre cerveau (en apprenant par exemple à reconnaître, accepter et gérer nos émotions avec l’aide d’un.e coach de vie). On a l’impression de ne pas avoir le temps, l’argent ou la disponibilité pour se lancer dans une telle démarche. Or, on prend le problème à l’envers. C’est justement dans ces moments-là, de doutes et d’évolution, qu’il nous faut le plus prendre le temps d’examiner ce qui se passe en nous.
De la même façon, plus mon objectif sportif est audacieux, plus il va me falloir consacrer de temps à connaître et à soigner mon corps.
Donc si je me mets à courir 6 heures par semaine, il faudra aussi que je passe une demie heure en plus par jour pour m’étirer et me muscler. Il faudra que je passe du temps à consulter des professionnel.les, à chercher des renseignements, à trouver des solutions à des problèmes que je n’avais pas. Il faudra que j’arrive à passer outre la flemme de me lever tôt le matin, la douleur ressentie, l’envie d’abandonner parfois, la difficulté à trouver le temps dans mon emploi du temps chargé, les courbatures. Il faudra que j’arrive à garder le cap et à ne pas perdre de vue mon objectif. Il faudra que je m’interroge sur les raisons qui me poussent à faire ce que je fais, ou à ne pas faire ce que je ne fais pas.

Et petit à petit, à force d’être sollicités, mes muscles vont s’habituer, et je vais aller plus vite, plus loin, pour moins de souffrance. Je vais identifier mes faiblesses et mes forces. Je vais m’adapter à elles. Je vais être obligée d’ouvrir les yeux sur mon corps et de le voir comme un allié, comme l’outil le plus précieux dont je dispose, de l’écouter et de m’adapter à lui pour qu’il me donne tout ce qu’il peut et me permette d’atteindre cette joie immense d’arriver à mon but. Je vais être obligée de faire équipe avec lui. Ce corps que j’ai tant jugé et que parfois je n’ai pas voulu regarder.

Pour toute activité qui demanderait des efforts à notre cerveau, c’est exactement la même chose.