Le marathon est dans moins de trois semaines.
Le week-end qui vient de passer devait être l’un des deux plus intenses de ma préparation. J’allais devoir faire une grosse séance de fractionné samedi (plus de 2 h) et une séance longue dimanche (2h15). Or, je n’ai pu faire qu’une petite heure à 9,5 km/heure dimanche matin.
Comme pendant la préparation du semi, je suis tombée malade le week-end dernier. Pas le petit rhume qui vous fatigue une journée : le bon gros virus qui vous cloue au lit pendant plusieurs jours. Avec la forte fièvre, les nausées, les courbatures, le nez bouché, la toux, etc.
Je ne suis toujours pas complètement remise. J’ai eu envie de tout abandonner.
J’ai hésité à essayer d’aller courir quand même, mais je m’en sentais physiquement incapable.
Cet état physique m’a psychologiquement minée. Je ne sais pas si c’est le fait justement de ne pas courir pendant une semaine, si c’est la peur de ne plus être capable de tenir mes objectifs, si c’est le découragement dû au fait que soudain, il y avait un caillou dans l’engrenage, ou si c’est une combinaison de tout cela, mais je me suis sentie extrêmement fragilisée. Comme si ces trois séances manquées (celle du mercredi, celle du samedi et celle du dimanche) signifiaient que tout était perdu, que tout ce que j’avais fait jusqu’à maintenant ne valait plus rien, que je n’y arriverais plus.
Mais je suis coach de vie. Et je commence à bien connaître le cerveau humain en général, et le mien en particulier.
On prend une décision, on met en place une routine, on s’astreint à une certaine discipline – ici, c’est la course à pied mais ça aurait pu être n’importe quoi d’autre ––, on est lancées et on a l’impression qu’on maîtrise tout et, soudain, il se passe quelque chose qui fait que la routine est enrayée, qu’on n’arrive pas à respecter ce qu’on s’était fixé, qu’on a mangé ce qu’on ne devait pas manger, qu’on a craqué, qu’on a procrastiné, qu’on n’a pas respecté le planning et notre cerveau se saisit de cette information pour nous signifier qu’on n’y arrivera jamais. Pour le peu que dans le passé, on ait déjà échoué à cette même tâche, et c’est la Bérézina. On n’est plus tournée vers le futur mais vers le passé et cette énergie qui nous portait semble nous avoir définitivement fait faux bond.
Dans ces moments-là, effectuer un exercice de visualisation peut être extrêmement utile. Dans ce cas, pour moi, ça a ressemblé à ça : je m’imagine avec mon t-shirt de finisher et ma médaille de marathonienne, juste après l’effort, avec le soulagement d’avoir enfin passé la ligne d’arrivée et la fierté d’avoir réussi. Je suis rouge, en nage, faible mais heureuse. J’éprouve le besoin de revenir sur tout ce qui vient de se passer, de dire où j’ai mal, je ressens soudain la douleur de mes ampoules aux pieds, le frottement de mon soutien-gorge qui m’a scié l’aisselle, etc. Et là je me demande : qu’est-ce que cette Hélène-là dirait à celle d’aujourd’hui, qui se sent découragée parce qu’elle a loupé 3 séances de sa préparation ? Elle lui dirait sûrement qu’elle a bien fait de se reposer pour ne pas se blesser et pour respecter ce corps dont elle aura tant besoin, elle lui dirait que ce petit obstacle l’a rendue plus forte, parce qu’il lui a donné l’opportunité de tester son engagement vers cet objectif un peu fou. Elle lui dirait que 3 séances sur 36 n’est pas un ratio assez important pour abandonner. Elle lui dirait que ce qu’elle ressent aujourd’hui est plus magnifique que tout ce qu’elle avait pu espérer et que ce moment seul, dont elle se souviendra toute sa vie, valait la peine de rechausser ses baskets et de faire ensuite une semaine à 4 séances, qui l’aura bien épuisée. Elle lui dirait que des aléas, il y en a tout le temps dans la vie et que celleux qui vont au bout de leurs rêves ne s’arrêtent pas quand il y a un obstacle.
Converser ainsi avec mon moi du futur m’a permis de remonter en scelle. Et de continuer à y croire. Alors cette semaine, je vais doublement souffrir. Mon coach a mis au point 4 séances pour rattraper mon retard. Et je vais m’exécuter.
Et vous, de quels obstacles avez-vous envie de vous servir pour abandonner ?